Thomas David
Quand il m’a été donné la possibilité de faire l’interview de Thomas, nouvel arrivant au club, je n’ai pas manqué de profiter de cette occasion. J’y ai trouvé un prétexte supplémentaire pour aller déjeuner avec lui et mettre plein de Zolies et belles choses contre mes rétines toutes affolées.
Il faut dire que bien souvent, j’en profite également pour tailler le bout de gras avec son comparse sculpteur, « Dieu » où JAG (Jacques-Alexandre Gillois) pour les intimes, c’est selon.
Lorsque j’ai rencontré Thomas pour la première fois, il n’était pas très vieux mais possédait déjà une maîtrise bien affirmée de la peinture acrylique. Quoi de plus étonnant dans ces conditions, que de le voir obtenir quelques années plus tard, le Graal pour beaucoup de peintres, la fameuse Slayer Sword, décernée lors d’un Games Day (concours de peinture de figurines fantastiques organisé par la firme Games-Workshop).
Vous pouvez visiter son blog personnel en cliquant ICI.
F.J
Slayer sword
Thomas, qu’est-ce que l’obtention de la « slayer » a changé pour toi ?
« C’est un peu comme un sésame. Elle m’a notamment permis d’obtenir mon premier emploi. En effet la « slayer » est synonyme de considération et de notoriété dans notre petit monde ! Cela a permis à mes pièces d’être davantage connues, grâce aussi à internet qui est un incomparable vecteur de communication ».
Tu parles de notoriété, mais on ne t’a pas encore vu dans « Voici » ! En veux-tu aux paparazzis ?
« Je ne suis vraiment pas sûr d’avoir besoin de répondre à cette question… »
Tu évoques Internet comme étant un vecteur de communication. Penses-tu que sans cet outil, le niveau d’ensemble de peinture actuel serait le même qu’aujourd’hui ?
« Cela a permis de montrer ses propres pièces à d’autres peintres situés loin de chez soi, rompre un peu de l’isolement ! Ces derniers possèdent des niveaux de peinture très différents et ainsi offrent une réflexion plus poussée sur ton travail. La confrontation est un réel moteur pour progresser. Internet a permis cela ! On doit également beaucoup au dynamisme de certains peintres comme Jérémie B-T, qui est le « papa » des figostages et du Grand Livre de la Figurine, entre autre. Des sites comme feu Créafigs, des forums comme Figurines.fr ou plus récemment celui des Chiens de Guerre (pub !) et Minicreateurs ont permis à beaucoup de sortir des sentiers battus, d’y trouver des tutoriels. Tout cela à démocratiser notre art et lui a permis d’une certaine façon, de s’affranchir des carcans rigides estampillés figurines en plomb ! »
Les figostages ou parlons un peu technique !
« Piétaillée damnée » (Hell-Dorado) 30 mm – figurine du figostage 2008
Nous avons sur la région Nantaise, énormément de chance ! Pas moins de trois détenteurs de Slayers Swords, et pas des moindres (Thomas, JAG et Bruno) !
Allez, pour vous faire baver , nous en avons eu même quatre il y a quatre ans avec Jérémie !
Alors pourquoi ne pas profiter de leurs talents ?
Des membres du club, conscients de cet état de fait, ont merveilleusement repris l’idée géniale et tellement simple de Jérémie Bonamant; la réalisation d’un figostage ! Sur Couëron, les Chevaliers du Centaure ont donc organisé 2 figostages ! Tu as accepté à chaque fois, d’en être l’animateur.
Que retiens-tu de cette expérience ?
« Je suis très content de faire des figostages en général et ceux avec les CdC ne dérogent pas à la règle. J’en ai retiré beaucoup de plaisir à chaque fois, l’ambiance et l’organisation étant parfaites. Malgré la fatigue induite par deux jours de concentration sur les modèles et les personnes, c’est toujours un plaisir de faire partager son savoir et de réussir dans certains cas à le transmettre de façon convenable. »
Quelles sont les demandes qui t’ont été les plus adressées lors de ces stages ?
« La plupart du temps il s’agit de travailler les techniques de base et de les affiner avec chaque élève, puis les demandes vont vers les différentes textures que l’on peut avoir sur les figurines (peau, armures, tissus…), et en fin de stage on travaille toujours les détails comme les bijoux, les yeux, les motifs de « freehand » etc… »
GW a abandonné ses encres et a sorti il y a quelques mois, des nouveaux médiums pour les remplacer. Les utilises-tu ?
« Oui je les utilise parce que j’aime essayer les différentes peintures du marché. J’en suis vraiment satisfait, je les trouve très bien, mais je ne peux que déplorer le fait que Games ait abandonné les anciennes encres. J’ai dû compenser avec des encres acryliques d’une autre marque . »
Je sais que tu préfères utiliser les peintures métalliques au MNM (Métal Non Métallique, technique qui vise à utiliser des peintures non métalliques pour donner un aspect métallique à la figurine). Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
« Je trouve tout simplement que le rendu est plus réaliste et j’aime leur brillance naturelle. »T’es-tu déjà essayé à la peinture à l’huile?
« Non je n’ai jamais essayé. Mais un jour peut-être… »Est-ce que tu souhaiterais assister un figostage en tant qu’apprenant ? Quel serait alors le Maître animateur que tu souhaiterais avoir à cette occasion ?
« Non, je préférerais une rencontre avec d’autres peintres de mon niveau (n’y voyez pas là quelque chose de prétentieux de ma part !) et passer du temps ensemble à peindre. Les regarder faire, discuter, échanger avec eux autrement que par Mail !
Je pense ici à Benoit Ménard. J’ai déjà pu apprécier les talents de Jérémie qui travaillait avec nous chez Ilyad-Games. »
Et sur Figurines-TV, on peut voir Thomas nous expliqer coment il peint des éclaboussures de sang:
Hell Dorado Le jeu Hell Dorado est un jeu d’escarmouche avec figurines, développé par l’éditeur Asmodée.
Depuis septembre 2008, la team nantaise d’HD s’est renforcée d’un nouveau sculpteur, en la personne de Michaël Bigaud (alias Mikh sur le net).
En le côtoyant durant ces derniers mois, qu’est-ce que cela t’a-t-il apporté professionnellement ?
Rappelons que tu as fait tes premiers pas dans la sculpture avec JAG, lors de l’épisode Ilyad-Games (I.G).
« Mikh nous à apporté son expérience plus pointue que la notre sur le moulage métal, son acharnement sur les détails et les textures.
Par exemple, si Sha Ren Zhe est découpé de la sorte c’est grâce à lui, moi j’aurais fais différemment et moins bien. Maintenant ça va dans les deux sens. J’espère qu’il bénéficie aussi de la nôtre. »
En parlant d’Ilyad-Games, l’autre boîte où tu travaillais avant Asmodée, quel a été ton meilleur souvenir ?
« Mon meilleur souvenir ? Je cherche…
Il y en a quand même plusieurs malgré les difficultés qu’il y avait… peut-être quand des modèles comme Wismerhill, L’archange de justice ou Léonidas ont été finis.
Sinon quand on nous avait annoncé qu’Asmodée, le distributeur du jeu d’I.G, voulait son propre jeu de figurines »
Et le pire souvenir ?
« Quand il fallait re-sculpter seulement en partie des modèles immondes sculptés auparavant par de mauvais sculpteurs c’était VRAIMENT horrible… et quand on n’était pas payé ce n’était pas mieux. »
Y a-t’il un projet en sculpture qui te tienne particulièrement à cœur ? Un « super défi » à relever ?
« J’en ai un qui m’attends depuis plusieurs semaines que je n’ai pas commencé, c’est un buste. »Et côté peinture ?
« Si je réponds la peinture de ce buste ? Mouais… il n’y en a pas en fait en ce moment. J’ai beaucoup de travail. »As-tu déjà sculpté une 54 mm de A à Z ? Quel en serait le thème, le genre, que tu souhaiterais réaliser à cette échelle ?
« Je n’en ai jamais fait mais j’aimerais bien. Et ça devrait être du « steampunk » façon Jules Verne avec une influence des « machines de l’île » à Nantes… mais ce n’est vraiment pas à l’ordre du jour. Malheureusement ! »Peux-tu nous parler un peu des prochaines figurines que vous allez sculpter ?
« Non je ne peux pas trop en dévoiler… mais ma dernière réalisation (les autres sont en cours) c’est l’Officier Immortel dénommé Li Tsu Tsin. Je peux vous dire que j’en suis très content à cause de son look de général, des détails et du charisme de la figurine. Elle sera en vente fin Mars. »
Ravage Mix Open
Ce concours, organisé par le magazine “Ravage“, est entièrement dédié à la figurine fantastique toutes marques confondues.
En 2007, lors du Ravage Mix Open, tu as obtenu le “Best Of Show” te condamnant par la même à devenir juge pour l’édition suivante. Peux-tu nous dire ce que tu attends de particulier lorsque tu juges un concours de figurines ?
« J’attends des participants de l’audace sur les sujets, de la perfection dans la maîtrise technique. J’aime beaucoup voir des choses qui ne me viendraient pas à l’esprit… j’aime être surpris, en fait. C’est rafraîchissant. » Quelle a été la plus belle figurine, où celle qui t’a le plus marqué lors d’un concours que tu as jugé ?
« C’est trop dur de répondre à ce genre de question. C’est trop réducteur de ne citer qu’une figurine… il y a trop de personnes de talent pour n’en citer qu’une. »Dans les vitrines du concours, on pouvait voir beaucoup de figurines peintes avec un schéma de couleurs dé saturées. Selon toi, s’agit-il d’une réelle tendance qui s’installe dans la figurine fantastique ou d’un phénomène de mode passager ?
« C’est effectivement une tendance qui dure depuis un petit moment, donc il ne s’agit plus d’un phénomène passager. De nombreux films aux couleurs dé saturées influencent les figurinistes, je pense et ils surfent dessus actuellement. On verra peut-être une autre tendance apparaître prochainement ou un retour à la couleur vive… je ne sais pas ! »
Les Chevaliers du CentaureChez les Chevaliers du Centaure, nous nous sommes posé une question (de la plus haute importance! ).
Etant majoritairement des peintres à l’huile, nous avons remarqué que beaucoup de peintres à l’acrylique mettaient leur pinceau dans la bouche. Pour toi, si tu es adepte de cette pratique, quelle peinture a le meilleur goût ? la Prince-August, la Games ?
« On ne met pas le pinceau à la bouche parce qu’on a faim, mais pour reformer la pointe du pinceau. Si ça a goût de peinture c’est mauvais signe. Le pinceau à été mal nettoyé en l’occurrence. Mais si vraiment je dois répondre je dirais la Games… »Depuis septembre, tu as rejoint notre club. Qu’est-ce que tu attends d’un club de figurinistes,en général ?
« Une infrastructure comme un club doit accueillir et guider les débutants qui ont besoin de conseils.
Et je sais que les clubs de figurines permettent facilement à ses membres de se déplacer sur les salons, où l’on peut voir ce qui se fait et confronter son travail à celui des autres.
Ce que les « Chevaliers » font très bien. »Quels conseils pourrais-tu donner aux peintres débutants à l’acrylique ?
« Bien diluer les peintures, s’appliquer, éviter les bavures, avoir une peinture propre et prendre son temps. Il est également important de réaliser soi-même les mélanges.
Et surtout d’être patient ! »
De retour du Monde du jeu 2008, on a pu convaincre Thomas, en échange de quelques crayons de couleurs, de prendre sa carte au club … je sais c’était facile, mais il fallait y penser !
Aaah, même au restau, Thomas ne peut s’mpêcher de mettre en couleur ses réalisations !
Thomas, c’est ceux qui le connaissent, qui en parlent le mieux !
« D’un calme olympien, Thomas a deux oreilles pour une seule langue.
Il observe plus qu’il ne parle et chacune de ses interventions est à considérer avec attention. Ce qui est agaçant avec Thomas, c’est qu’il a souvent raison…
L’année passée à Ilyad-Games assis pour peindre à ses côtés (limite sur ses genoux) m’ont appris que ses conseils s’avèrent souvent justes et raisonnés.
On apprend beaucoup à son contact, tant figurinistiquement, qu’humainement. Nous retrouvons bien évidemment ces principes dans son processus créatif.
C’est un technicien méticuleux et ordonné, qui possède une conscience professionnelle aiguisée comme le tranchant de ses lames de Milliput et une personnalité
riche comme ses camaïeux, des yeux perçants et un sourire éclatant comme ses éclaircissements Humbroll MET 11 »
Jérémie Bonamant
« Si je devais définir Thomas par un mot ce serait: Elégance.
Tout chez lui est Elégant les accords de couleurs, surtout les improbables, la fluidité des volumes, la précision de l’outil. Il est aussi brillant en peinture qu’en sculpture. Aucune audace colorée ne l’arrête et le pire des monstres prendra entre ses mains une présence lumineuse que personne n’aurait pu imaginer.
Même dans ses rapports humains l’élégance persiste !
Et rencontrer un mec comme ça, c’est du bonheur !!!! »
Bruno Grelier
« Thomas est une figure inconditionnelle dans le paysage français de la figurine et cela pour de nombreuses raisons. Déjà, par son travail réalisé pour Hell-Dorado.
Difficile en effet de passer à côté les incroyables figurines qu’il produit chaque mois, et qui sont toujours de nouvelles “claques”.
Ses dernières productions concernant la gamme des Immortels montrent encore une fois qu’il fait partie des “papas” de notre passion.
Ensuite il y a tout son travail personnel: Slayer Sword française en 2000, Best of Show du Mix Open en 2007, ses pièces persos sont passionnantes
et toujours identifiables. Son champion de Nurgle, son Autarque Eldar ou son Prince Démon de Tzeencht sont des figurines qui ont imprégné le collectif,
et dont beaucoup s’inspirent et s’inspireront encore.
Et que dire de ses camaïeux turquoises !
Enfin, il y a David. Un homme pas très grand en taille (tout comme moi, c’est dire !) mais doté comme on dit, “d’une bien belle âme”.
Bref, David est David, un homme doué et gentil, sans qui le paysage français serait sans doute bien différent ! »
Julien Casses
« Thomas fait, pour moi, partie des meilleurs peintres de ces quinze dernières années.
Son sens de la couleur et la façon dont il les sature son vraiment les deux caractéristiques principales de son style, qui font de lui le digne successeurs de Mike Mc Vey…
J’ai la chance de travailler avec lui sur la gamme Hell Dorado et je dois avouer que je ne me lasse jamais de contempler son travail…
Son exigence, sa motivation, et sa discipline dans le travail sont aussi de grands atouts. »
Jérôme Otramba